{PV Solane..Les gargouilles c'est dangereux !

Que faisais-je encore ici ? N’était- ce pas le besoin de me détendre qui avait justifié ma présence en ce lieu ? Ce couloir vaste et silencieux ponctué d’anciennes salles de classes, pour la grande majorité inoccupées, m’avait toujours paru comme un havre de paix. A dire vrai depuis mon arrivé dans cette école, l’une des premières choses que j’avais recherché c’était cela… un monde silencieux dans lequel je pouvais bercer ma solitude. Je me rappelle avoir passé de longues heures enfermées dans les salles vides, les yeux fermés, prenant conscience des moindres détails qui m’entouraient, savourant les essences qui flottaient autour de moi. Ce n’est pas que j’étais à proprement parler quelqu’un de solitaire. Bien au contraire la majorité de mon existence s’était déroulé dans un univers ou se montrer le plus possible aux yeux de tous était nécessaire. Défini par mes devoirs d’héritiers aussi bien envers ma maisonnée qui m’entourait constamment, qu’envers la société dans laquelle je nageais, j’étais rarement seul. Rarement seul et pourtant jamais véritablement entouré. Ma nature elle-même m’avait toujours imposé cette limite, les gens souriaient et acquiesçaient bien sur, mais personne ne comprenait réellement qui j’étais.
A Poudlard, la situation était similaire. J’étais apprécié de beaucoup dans ma propre maison et pas seulement dans cette dernière, aussi bien des humains que de ceux qui se disaient appartenant au ``clan Valentine’’. Malgré cela je ne m’ouvrais jamais réellement à quelqu’un, incapable de nouer une réelle relation avec une personne… l’incompréhension? le doute? ou bien était-ce la peur de m’exposer qui me bridait ainsi? Ces réponses m’échappaient toujours à ce moment là. Quoiqu’il en soit c’était sûrement cela qui m’avait poussé à réagir ainsi à la présence d’une intruse dans mon monde de solitude.

«Tais-toi… »

Quelque chose clochait dans sa personne, son humeur et son attitude semblaient changer aussi rapidement qu’un épouvantard de forme. Un instant auparavant elle souriait avec désinvolture, tandis que le regard que je croisais maintenant était teinté de colère, l’énervement la gagnant. Je n’avais pas manqué non plus de noter que durant une fraction de seconde elle s’était mise à trembler vivement, se mordant la main subitement. La soif ? Cette attitude ne pouvait venir que de là. Depuis le début de notre rencontre elle avait été maitresse d’elle-même, se cachant derrière des demi-sourires tantôt dégoutés, tantôt moqueurs. Or la elle avait semblée surprise de son propre geste, comme si cet état lui avait été jusque la encore inconnu. Le manque de sang… Je n’eus pas le loisir de pousser mes réflexions plus avant, la statue de pierre froide s’était agitée sous elle.

« Bien. Mais si je meurs, tu en seras responsable »

Frappé par les paroles qu’elle venait de prononcer je crois que c’est à ce moment la que je pris pleine mesure de ce que j’avais entrepris. Bien que cela ne consistuait pas une menace pour elle comme pour moi par ailleurs, j’avais été trop loin en éveillant une des statues de l’école pour la déloger. Mais aussi comment aurais-je pu conserver mon calme devant tant d’arrogance! Sans m’en rendre compte la verte et argent avait brisé mon habituel maîtrise de moi par ses sarcasmes.

Baissant les yeux sur la scène qui se déroulait devant je pris quelques secondes pour m’aviser de la situation. La serpentard avait glissé jusque sur la tête de la gargouille. L’effigie de pierre quand à elle s’étirait langoureusement sur son socle de marbre, n’ayant pas encore pris conscience de l’intruse perchée sur elle.

« Cesse de gesticuler dans tout les sens » lâchais-je subitement tout en poussant d’une main sur un large ventail qui occupait le mur dans mon dos.

Un courant d’air glacé s’échappa aussitôt des parois venteuses du mur, s’engouffrant dans le couloir dans un murmure silencieux. Le calme m’envahissaient progressivement, alors que mon don entrait en action sans que j’eu réellement besoin de me concentrer. Le courant d’air froid se mua en fine lame venteuse sous la direction de mon esprit, nouant ensemble les flux vaporeux. Dirigeant doucement ces derniers j’entrepris de saisir délicatement ma vis-à-vis, la soulevant au dessus de la tête de la gargouille sans tenir compte de ses protestations. En soit ce n’était pas vraiment différent d’un sortilège de lévitation mais en bien plus silencieux, ce qui en l’occurrence risquait moins d’attirer une attention dont on se serait bien passée. Déposant la jeune femme hors du regard de l’alcôve de la gargouille je me soustrayais moi-même à sa vue.

« Il aurait peut être été bon que je retienne aussi comment rendormir ce truc…» murmurais-je pour moi-même en percevant cette dernière qui s‘agitait toujours dans son renfoncement.

« J’ai eu tord et je m’excuse d’avoir agi de la sorte »

Tout dans mon ton indiquait clairement que je ne m’excusais pas pour notre conversation précédente mais uniquement pour mon acte quelque peu irréfléchi qui avait suivi et qui ne me ressemblait guère. Je ne reconnaissais en rien ce qu’elle avait lancé sur ma personne. Me retournant face à ma camarade je pris le parti de garder le silence quelques instants avant de poursuivre calmement sans l’ombre d’une moquerie.

« Tu es en manque n’est ce pas? … Je peux le sentir d’ici. »

Voyant que le silence s’éternisait, j’ajoutais plus bas de manière à ce que nous seuls pouvions discerner la teneur de la conversation.

« Ce n’est pas prudent de rester trop longtemps dans cet état, pour toi comme pour moi. Bien que je le regrette fort, la tension semble montée graduellement entre les humains et ceux de notre nature depuis quelques jours. Pris à part on ne risque rien, mais des murmures se propagent concernant la formation de groupe qui nous soit hostile. Je ne doute pas que cela te soit parvenu aussi. Toutefois je ne tiens pas à ce qu’une bataille rangée éclate du au fait que les vôtres ne sachent pas se montrer plus discret concernant leur régime… »