{{ Smile, Smile & Kill. { PV. Edward <3 }

« De pénétrer jusqu'à toi ? C'est que je m'ennuyais, et tu es un passe-temps assez divertissant, ne t'en déplaise.»

Je soupirai en levant les yeux au ciel. Un passe-temps? J'étais un simple passe-temps pour lui? Il ne changerait jamais! Enfin, autant jouer son jeu, au fond ça m'amusais…Je pris des airs de bourgeoise coincée et lui dis, les lèvres pincées:

-Un passe-temps? Aurais-tu l'audace de me prendre pour un jouet? Pfu!

Je fis mine de bouder en me relevant à demi. Je ne fis même pas attention à ma tenue légère, c'était Edward, je n'avais pas grand chose à lui cacher! Et vice versa…Je rageais un peu contre moi-même, de ne pas l'avoir vu entrer. Vu dans mes visions je veux dire…L'inconvénient de se focaliser sur quelque chose d'autre c'est que l'on manque beaucoup! Désagréable. Vraiment désagréable. Et mon obsession de cette foutue vision floue m'énervait…Si ça se trouve, ce n'était rien du tout et moi, je continuais à me prendre la tête pour un homme à la cape…

-C'est fou que tu parviennes encore à me surprendre malgré… Je me tapotte la tempe deux fois. Mes dons d'extralucide comme tu dis si bien…C'est ça que d'être trop ailleurs.

Je soupirai puis le regardais, bien décidée à changer de sujets. Je l'avais vu faire une farce à Jacob…D'ailleurs elle m'avait bien fait rire. C'était agréable, vu mon humeur au beau fixe du moment…Ironique cela bien sur. Je repoussais « Les Fleurs du Mal.» et m'assis en tailleur sur mon lit, face à Edward.

-Au fait, félicitations pour la blague que tu as fais à Jacob…Elle m'a bien fais rire!

Je lui fis l'un de mes plus beau sourire quand mes yeux se voilèrent. Mon regard se fit vague, je plongeais dans le labyrinthe du futur, poussée par la force…Je voyais Jacob, Seth et les autres nous attendre dans le parc ce soir, lorsque nous sortirons chasser pour me calmer. Dire qu'ils pensaient nous prendre par surprise…Bleiddwin et son air suffisant, il ne pourrait pas s'empêcher de me lancer ses piques, et moi non plus d'ailleurs…

-Eh bien…Je t'annonce d'ores et déjà que nous chassons ce soir et que Bleiddwin nous attendra à la sortie pour se venger…Je sens qu'on va rire…

Je découvris mes crocs dans un rictus narquois, rien qu'à l'idée. Sachant déjà notre réaction, je nous voyais nous lancer des piques, mais comme j'ignorais encore lesquelles, je ne pourrais savoir si ça dégénérerais en poursuite ou en bagarre…

-Par contre toi mon mignon, tu n'as pas le droit d'être dans le dortoir des filles! C'est mon devoir de préfet en chef de te punir! Même si tu es aussi préfet en chef…

Je découvris légèrement mes crocs, annonçant la couleur de la "punition". C'était comme une habitude, un petit jeu parfois, surtout pour lui faire payer ses taquineries! Il ne risquait rien lorsque je les mordais, il ne risquait plus rien depuis le temps où je l'avais transformé par accident…

Il se retrouva couché sur le lit si vite qu'un œil humain n'aurait rien vu, rien compris…

-Tu vas voir ce qu'il en coûte de taquiner une Longsdale très cher! On aurait pu croire que les décennies t'auraient appris quelque chose…Mais… Tout en parlant, je m'approchais de son cou, si lente qu'il avait la possibilité de répliquer si l'envie lui prenait. Ça ne m'étonne pas de toi, tu n'es pas très vif ah ah!

Je ricanais. Pure taquinerie évidemment, vous vous en doutez et lui le sait. Juste retour des choses dirons-nous…

Je me croyais forte, vainqueur à l'avance de notre petit combat amical. Fièrement assise à califourchon sur lui, ses bras emprisonnés par ma force d'immortelle, j'étais persuadée qu'il ne répliquerait pas et me laisserais jouer comme bon me semblait. Que je pourrais goûter sa chair si parfaite…Son sang si…Exquis. Mon venin coulait déjà dans ma bouche, je le réprimais. La blessure le picoterait si jamais je lui en injectait. Mes yeux brillaient de leur lueur rougeâtre, comme lorsque j'étais à deux doigts de prendre une proie. Ma gorge brûlait, mais pas de cette soif désagréable, plutôt du désir luxurieux des vampires désirant le sang en guise de jeu avant le repas…

Mais évidemment, depuis plus d'un siècle, j'avais appris à connaître Edward par cœur, sur le bout des doigts…Je savais qu'il essaierait de riposter, mais étant à moitié ailleurs, je me laissais presque faire. Ainsi en un éclair, les rôles furent inversés. Il était le maître et j'étais le sujet, il était le dominant et moi la dominée…

Situation quelque peu étrange pour moi. La fille d'un des plus puissant vampire depuis la création de notre race soumise à un garçon n'étant même pas un sang totalement pur…Mais Lucifer seul sait à quel point il en a le cœur, du sang pur! Ainsi ce n'était pas du tout désagréable et je le laissais savourer sa petite victoire. J'allais répliquer quand je sentis ses canines pénétrer ma gorge. J'eus une légère exclamation de surprise et fermais les yeux en sentant mon sang couler, sa langue le récupérer habilement…

Ma peau s'enflamma –au sens figuré- et je fus envahie d'un réel désir. Nous étions comme cela nous…Tellement emplis de Luxure qu'une simple morsure peu nous rendre absolument fou, et le pire c'est que nous pourrions le faire pendant des heures entières sans jamais nous arrêter! Je voulus évincer cette image de ma tête, mais grâce à ses dons, il me l'imposa presque de force. Un baiser fougueux qui se mélangea à notre avenir commun sur cette voix, le tout m'arrachant un gémissement.

« Affreusement sensuelles mes morsures, hmm ? »

Si j'avais pu rougir, j'aurais été de la couleur d'un uniforme sudiste. Sa voix me faisait moins d'effet qu'à une humaine normale, mais Lucifer quelle voix! Je fermais les yeux, un mince sourire au lèvre et lui murmurai en retour, de mon ton le plus sensuel malgré mes propos:

-Salaud…Tu me le paieras.

Je souris et le regardais s'éloigner un peu, fixant mes yeux dans les siens tout en l'écoutant parler, changer de sujet. A présent nous en étions revenu aux loups, à leurs intentions de ce soir…Je tâchais de me concentrer là dessus, bloquant la junction des chemins d'Edward et du mien pour me concentrer sur les voies de ce soir.

« Bien, maintenant que tu es convaincue que le préfet masculin est toujours le meilleur, nous pouvons poursuivre la discussion. Ils ne seront pas plus de trois ou quatre ce soir je suppose ? Ils n'oseraient pas sortir en meute, en troupeau ? Je propose qu'on joue avec eux sans les abîmer.. Qu'on les effraie un peu... Tu me suis ?»

-Mh…Attend…

Je fermais les yeux, forçant le future à s'ouvrir devant moi, j'explorais jusqu'à tomber sur la bonne scène:
Juste à la sortie des portes, c'est là qu'ils nous attendaient. Je voyais Jacob, Seth et deux autres qui en valaient pas vraiment la peine que leurs noms soient retenu. Je décernais également la silhouette de Luthien dans l'ombre, veillant à ce que ça ne dégénère pas, et si ça dégénérait, se préparant à intervenir pour prendre partis bien qu'elle soit contre cette gue-guerre.

-Quatre, sans compter Luthien et peut être un ou deux de sa meute planqués dans l'ombre. Elle n'interviendra que si ça dégénère trop…Ah ah, le petit ange gardien de nos chers loups au sang chaud. On dirait une mère protégeant ses petits.

Je ricanais rien qu'à l'image pittoresque de ces loups "adultes" en couche culotte avec une tétine. C'était tout simplement hilarant! Mais je n'avais pas encore répondu à sa question indirecte, bien que j'ai évidemment tout à fait compris ce qu'il voulait dire…Mais avant que je n'ai pu avancer une réponse, il termina ce qu'il avait à dire.

« Et puis, on pourrait toujours aller les dénoncer à la directrice, s'ils tentent quoi que ce soit..»

-Je vois tout à fait où tu veux en venir oui… Je souris vilainement. Je suis d'accord pour jouer…Tu sais à quel point j'adore ça…Et moi je sais à quel point tu adores me voir comme ça…Me trompes-je? J'eus un petit sourire narquois puis continuai: Quoi qu'il en soit…J'adore et je me réjouis déjà à l'avance d'être ce soir…

Au point tel que je fermais les yeux pour voir la scène complète mais je ne voyais que le début. Le reste était trop floue et cela me donnait la migraine.

-Bah, quelques surprises ne font pas de mal…

Je m'adressais d'avantage à moi-même, bien que j'avais parlé tout haut. J'y fis à peine attention à vrai dire…Même si j'avais l'habitude de gâcher n'importe quel effet de surprise, j'y goûtais à nouveau depuis que je me focalisais sur autre chose.

Au pire nous pouvons frapper un peu, la directrice ne nous punira jamais…Elle est trop cupide et tiens trop à s'assurer l'immortalité, j'en suis certaine…Comme toutes les femmes de son style. Elles changent vite d'avis, lorsqu'elles se rendent compte que l'immortalité condamne à une certaine forme de solitude…Sauf quand on a de la chance…

Je le regardais, lui souris, puis changeais de sujet avant d'être gênée.

-Nous chasserons ce soir n'est ce pas? Tu as beaucoup à te faire pardonner..

Je portais la main à mon cou qui n'avait déjà plus aucune marque. Plaie –si l'on pouvait qualifier cela de plaie- refermée en un clin d'œil…Pratique, le pouvoir de régénération n'est ce pas?

Jouer... C'était nos jeux que j'aimais le plus avec cette adorable compagne de chasse qu'était Aylin de Longsdale. Sans sa verve étonnante, ses répliques glaciales, je ne serai plus moi-même. Si je devais me priver du plaisir de la voir rougir quand je gagnais par une sensualité peu ordinaire, ma vie aurait moins de sens. Goûter à son sang était un dessert dont j'étais jaloux. Mon amie d'enfance, ma soeur... Mon aimante. Aylin. J'avais gagné à notre petit jeu. Mais ce n'était pas la victoire qui comptait, c'était le déroulement du jeu.

Et il s'en préparait un grandiose pour ce soir ! Une chasse ? J'en avais envie depuis quelques jours. De l'animation, du mouvement, de quoi me sortir de la torpeur invraisemblable de Poudlard. De quoi rabattre une énième fois le caquet de ses insupportables clébards. Pour qui se prenaient-ils au juste ? Je les voyais d'ici, arrogants d'abord puis finissant par prendre la fuite. Les pauvres... Étaient-ils si ignares qu'ils n'avaient pas encore compris que le monde nous appartenait ?

En tout cas, la Serpentard ne semblait pas perdre de vue une règle essentielle : mieux vaut connaître ses ennemis. Et en l'occurence, nul mieux que nous ne pouvait les connaître. Les pouvoirs d'Aylin nous étaient précieux en cet instant, et je lui étais reconnaissants d'en user sans parcimonie.

-Quatre, sans compter Luthien et peut être un ou deux de sa meute planqués dans l'ombre. Elle n'interviendra que si ça dégénère trop…Ah ah, le petit ange gardien de nos chers loups au sang chaud. On dirait une mère protégeant ses petits.

Adorable clairvoyance de mon amie... Ainsi la mère poule serait là, veillant sur ses petits poussins à peine sortis du nid ? Eh bien, mais il serait cruellement délicieux de la voir souffrir en silence le martyr de ses enfants. C'était donc à eux qu'il fallait s'en prendre. Oh j'avais envie de la pousser à bout, cette chienne discrète et qui se croyait presque notre égale. J'aurais voulu filer déjà vers les chiens galeux qu'elle protégait, les blesser si vivement qu'elle aurait été forcée d'intervenir, cette lâche. Mais non, nos projets se devaient d'être plus délicats, plus discrets... Et ces mutliples astuces mises au point ont un certain charme, aussi...

-Je vois tout à fait où tu veux en venir oui…Je suis d'accord pour jouer…Tu sais à quel point j'adore ça…Et moi je sais à quel point tu adores me voir comme ça…Me trompes-je?

Je fermai les yeux un instant songeant à cette pauvre chose qu'était la directrice. C'était pour cette femme cupide nymphomane selon certaines rumeurs, bien trop clémente avec nous, et arriviste que je me restreignais ? C'était pour protéger son école que je m'empêchai de frapper ? Ah, c'était à en mourir de rage.

J'aime te voir en action, c'est vrai...

Les pensées de mon amie semblaient suivre à peu près le même cours. Mais moins saignant. Qu'avais-je donc aujourd'hui pour tant vouloir utiliser ma force ? Il faut croire que je ne suis pas si âgé et sage qu'il n'y paraît...

Au pire nous pouvons frapper un peu, la directrice ne nous punira jamais…Elle est trop cupide et tiens trop à s'assurer l'immortalité, j'en suis certaine…Comme toutes les femmes de son style. Elles changent vite d'avis, lorsqu'elles se rendent compte que l'immortalité condamne à une certaine forme de solitude…Sauf quand on a de la chance…

Sauf quand on a de la chance, hein Aylin ? Ah quoi penses-tu au juste. Tu n'es pas seule, tu le sais très bien. Tu as une soeur, immortelle comme toi, et qui tiens à ta petite personne comme à la prunelle de tes yeux. Une famille riche et puissante, qui partage de don maléfique avec toi. Tu n'es évidemment pas seule. Tu es peut-être la moins seule de toutes les vampires... Alors pourquoi ce regard fuyants ? Oh je ne le sais que trop bien ma toute belle... C'est que tout est dépeuplé, quand je ne suis pas là, n'est-ce pas ? C'est qu'à par moi, tu oublies les autres ? Elle est flatteuse quand elle n'y fait pas attention, il n'y a pas à croire. Mais elle reprend la parole, et je garde cela dans un coin de mon cerveau.

-Nous chasserons ce soir n'est ce pas? Tu as beaucoup à te faire pardonner..

Beaucoup ? Est-ce qu'elle parlait de cette misérable morsure que je lui avais infligé ? Ce n'était rien du tout. Alors quoi ? Cette image que je l'avais forcé à accepter ? Oh la rougeur de ses joues ne me fera pas croire que je l'ai dégoutée... Voilà qu'avec sa dernière réplique, elle me tend une perche inespérée. Je repense à ce qu'elle a dit quelques instants auparavant.

Oh très bien si tu le prends ainsi... Tu sais, je peux te laisser dans ta solitude. Au fond, je n'ai pas besoin de toi pour chasser.

Je fuis son regard. Car je sais qu'il sera courroucé, et je ne résiste jamais bien longtemps. Le meilleur moyen est encore de l'attendre riposter avant d'affronter son expression. Tout cela est absurde. Evidemment, elle non plus n'a pas besoin de moi pour chasser. Mais elle, comme moi, avons besoin l'un de l'autre, pour tromper l'immortalité. Chasser sans elle n'a aucun sens. Mais peut-être n'en est-elle pas convaincu, auquel cas ma réplique cinglante risque de l'offusquer. Je risque un regard vers elle.

Mais enfin, je veux bien condescendre à t'accompagner ce soir... Je ne voudrais pas que tu te fasses mal.

Et cette fois, je lui offre un grand sourire. Car là, elle sait aussi bien que moi que je suis ironique, comme toujours. Ce sourire incorrigible, qui a perdu de nombreuses humaines et qui a une fâcheuse tendance à l'âgacer, elle. Mais je suis ainsi, que voulez-vous. Toujours à la frontière de ce qu'il ne faut pas faire, jouant avec le feu. Peut-être un peu trop "Edward" au fond. Et là, j'aimerais une des rares inventions moldues qui ont du bon : une cigarette. Oui, ces choses qui se vendent à Londres. J'y ai goûté quelques fois, et ça ferait très bien dans le contexte. Oui décidément, je suis trop Edward. Tous mes traits sont poussés jusqu'à leur limite, même mon amitié pour Aylin qui frôle deux limites.. Celle de la haine -j'ai déjà eu envie de la tuer, je vous assure- et celle de l'amour. Mais passons, cela, je ne dois pas y réfléchir. Je me reconcentre sur mon amie, et une fois qu'elle eut répondu, j'ajoute :

Au fait, tu sais si Jacob est avec nous en cours de potions ? Ou même Seth ?J'ai une furieuse envie de lui jouer un tour...

Oh oui, me débrouiller pour faire de sa préparation un philtre que j'ai découvert il y a peu, et qui pendant deux heures vous fait rugir comme un loup... Il suffit d'ajouter une pincée d'un produit spécial, que j'ai enfin réussi à me procurer dans la forêt. Je ne suis pas certain que ça marche. Mais enfin ce serait formidable. Et comme je ne fais absolument pas attention à ceux qui m'entourent, surtout quand ils sont Gryffondors ET loups-garous, je ne suis même pas en mesure de choisir ma cible...

Mes visions se révélaient toujours fort utile pour prévoir les mauvais coups. Non pas que nous en ayons spécialement besoin, vu nos sens aiguisés, nous pourrions être capable d'anticiper n'importe quelle attaque de clébard…Mais il faut avouer qu'ils étaient plus rapide que les humains. Bien plus…Après tout, ils étaient eux-même des créatures dites surnaturelles et des fils du mal si on suit les légendes…Et ils pouvaient nous tuer d'une simple morsure venimeuse! Alors autant être prudent, ou avoir sous la main quelqu'un prêt à se sacrifier pour sauver votre immortalité…

J'avais transmis les informations à Edward sous sa demande, et même sans le don de Valendra, je devinais les pensées de mon compagnon. Il songeait aux milles façon les plus…Soit sadique, soit excitante, soit les deux, de faire souffrir les petits loups…Et il devait aussi sans aucun doute songer à moi, en pleine action…En pleine chasse, remplie d'instincts dangereux, mortels…Les yeux rouges sang, le venin ruisselant dans ma gorge, les lèvres retroussées dévoilant les deux armes les plus terrible que le monde n'ai jamais créé…

« - J'aime te voir en action, c'est vrai...»

-Quoi de plus normal…Je ne suis pas n'importe qui, susurrais-je doucement.

Puis je me remis à parler, débitant des idioties au sujet de la directrice. L'allusion à la fin de ma phrase ne fut même pas faite exprès. Je ne me rendis compte de mes paroles qu'après les avoir prononcé et durant quelques secondes, je fus légèrement troublée. Si j'avais pu rougir, j'aurais rosis…

Seulement, l'une de ses paroles me poussa brutalement face à la réalité. M'avait-il mal comprise et jouait-il exprès? En tout cas ça eu le don de me frustrée. S'il n'avait pas fuit mes yeux, il aurait aperçu mon air et s'en serait mordu les doigts. Je décidai à partir de cet instant, de garder le silence.

« - Oh très bien si tu le prends ainsi... Tu sais, je peux te laisser dans ta solitude. Au fond, je n'ai pas besoin de toi pour chasser.»

Chasse tout seul dans ce cas Edward Cornwall! Pauvre idiot que tu es! Vas y, chasse, fais cavalier seul! Et dévore tes jolies petites proies tout seul! Toujours ces filles, des filles et jolies de préférence, oh monsieur a du goût c'est certain! Lui, l'éternité, la solitude, il ne pourrait pas en souffrir c'est certain, il aurait toujours une pétasse blonde pour le distraire!
Zen Ailyn, zen…Fichue jalousie idiote. Je gardais toujours le silence, les yeux fixés sur tout autre point qui n'était pas lui. Je savais qu'il me taquinait évidemment, il ne pouvait se passer de moi, mais….

« - Mais enfin, je veux bien condescendre à t'accompagner ce soir... Je ne voudrais pas que tu te fasses mal.»

Oh oui c'est certain, j'ai une fâcheuse tendance à revenir blessée mortellement de chacune de mes chasses…Imbécile. Sale imbécile prétentieux…Que j'adore…Rho chut petite voix stupide! Parfois je voudrais le tuer…Le faire souffrir atrocement, l'entendre hurler, agoniser…Mais d'autres fois j'aimerais l'avoir à moi seul, sentir qu'il m'appartient et que je lui appartiens…Comme un couple…Un couple…Ah ah…Un couple…Oui un couple…Mais quand même…Un couple…

« - Au fait, tu sais si Jacob est avec nous en cours de potions ? Ou même Seth ?J'ai une furieuse envie de lui jouer un tour...»

Quel culot! Comment osait-il changer de sujet? Bien sur que je savais, je sais tout…Mais allais-je lui répondre? Ça, c'est une autre paire de manche…

Je tournais soudainement la tête et fixait mes yeux dans les siens. J'avançais vers lui, mes mouvements se faisant sensuels d'eux même.

-Non mais pour qui tu te prends, Edward Cornwall? N'oublie pas que je ne suis pas vraiment n'importe qui et que…Si l'envie m'en prend je pourrais…

Je lui sautai dessus, usant de ma force pour le bloquer sous moi. A califourchon dans ma robe légère dont une bretelle glissait sur ma parfaite épaule blanche, j'avais déjà les lèvres sur son cou. Je lui murmurais alors:

-Ma solitude ne regarde que moi, mon cher petit imbécile prétentieux auquel je ne peux m'empêcher d'être accro…Je t'interdis de redire encore une ânerie de ce genre…Sinon…

Je caressais sa carotide du bout de mes canines aiguisées, les yeux fermés, je sentais la brûlure de ma gorge se faire encore plus intense…Je perdais mon contrôle, lentement…Je m'apprêtais à le mordre, je sentais son désir, son envie…Je l'entendais presque crier dans sa tête « Mord moi!! »…Je voyais les images du futur, ce serait tellement délicieux…Et justement…C'est la raison pour laquelle je m'écartais, mon plus beau sourire de vilaine garce dessiné sur mes lèvres. J'en revins alors à sa dernière question, faisant comme si rien ne s'était passé.

-Oui, ils y sont…D'ailleurs en parlant de ça, l'heure est à la chasse très cher. Je le regarde dans les yeux, insistant sur chaque mot. Je meurs de faim…

Jouer... L'agacer, encore et encore. Faire en sorte que rancoeur et attirance se confondent au plus profond de son coeur.. Oui, j'en étais capable et c'est ce que je souhaitais. La faire perdre raison. Oh quelle sympathique idée. Qu'elle devienne folle pour moi.. Qu'elle ne puisse plus se retenir, me morde jusqu'au sang.. Aylin vexée, outragée presque, c'était un spectacle étrange pour moi. Oh je l'avais offensé, c'était certain. Du coin de l'oeil, je la voyais se fermer, devenir plus froide d'un marbre millénaire. Un peu plus et j'aurais presque regretté ce que je venais de dire. Mais presque seulement. Car au fond de ses yeux brillaient une lumière intense. Elles buvaient mes paroles, qui se déversaient, empoisonnantes, dans son esprit. Se faire mal... Je ne connaissais pas de femme plus puissante et plus forte qu'Aylin. Pouvait-elle un instant croire que je pensais le contraire ?

Oh ce regard outragé, ce regard de vampire, une vraie Longsdale ma toute belle.. Dire que moi-même je ne suis pas parfaitement pur.. Et pourtant quel charme hein ! A quoi penses-tu, adorable offensée ? Tu ne ripostes rien, tu gardes le silence. Tu sais qu'il n'y a rien qui me chagrine autant. Si tu te tais, notre jeu n'a plus aucun sens. Et c'est notre jeu qui alimente ma vie. Mais ça, je ne te le dirai jamais. Ce serait bien trop facile, sinon. Et pendant un instant, j'adresse une forme de prière à un Dieu auquel je ne crois pas, pour que Valendra ne soit pas dans les parages. Mes pensées se focalisent sur Aylin, et je n'en suis pas vraiment fier. Mais à quoi joue-t-elle, bon sang ? Pourquoi n'ais-je pas droit à une seule réponse ? Oh, très bien. Il ne me reste plus qu'à la pousser dans ses derniers retranchements : un radical changement de sujet, et elle devrait réagir avec stupéfaction.

-Non mais pour qui tu te prends, Edward Cornwall? N'oublie pas que je ne suis pas vraiment n'importe qui et que…Si l'envie m'en prend je pourrais…

Ah, l'effet attendu est survenu. Une fureur digne des plus grandes disputes. Et pourtant, elle est si proche que j'ai envie de la retenir dans mes bras, de l'apaiser. Ce n'est que des blagues tout ça, des fantaisies pour passer le temps, ne te mets pas dans un état pareil... Tu te trahis ma chère. Oui, tu te dévoiles sans le vouloir, toi qui est parfois si maître de toi. Tu tiens à marquer ta supériorité hein ? Dis-moi... Sentirais-tu déjà à quel point je te suis important ? Tu as besoin de t'affirmer, alors même que je n'ai fait qu'évoquer des faits sans fondements ? Adorable Aylin, tu es si belle quand tu es vivante. Si l'envie t'en prends, que pourrais-tu me faire, que tu ne m'aies pas déjà fait ? Me mordre ? Allons voyons, cela est inutile entre nous, à quoi bon. Tu pourrais.. T'enfuir ? Non tu ne pourrais pas, reconnais-le. Tu m'as faite vampire, tu resteras avec moi. Toute ma vie. Toute la tienne. L'éternité s'offre à nous, et cela ne m'effraie pas. Tu es si belle quand tu es vivante.

Tu n'as pas fini ta phrase, peu importe. Tes mots glissent à mes oreilles et je ne les entends pas. Tu es là, assise au-dessus de moi, et ton épaule couleur de nacre s'offre à mes regards. Regards qui se font pressants, vers cette bretelle décalée. C'est comme le prologue à des supplices bien pires.. L'invitation à faire glisser l'autre. Oui, j'ai un esprit de symétrie très fort. Mais apparemment, Aylin ne semble pas disposée à ce genre d'amusements. Les paroles qu'elle a prononcées flottent encore dans le creux de mon esprit. "être accro"... Oui, je ne retiens que ça. Le reste, peu importe, elle n'a pas à me dicter d'ordre. Surtout si elle accro à moi. Je tends ma main vers son épaule courbée, mais avant qu'elle ait remarqué mon geste, elle se relève vivement. Je ne peux m'empêcher pendant un quart de seconde de sentir la frustration de mon corps. Quelques secondes de plus, et elle me mordait. Sensuellement. Comme une victime choyée et chérie... Esprit encore plus retors et perfide que le mien ! Tu t'es vengée, mais le jeu n'est pas fini ! Au contraire, tu viens de le relancer...

-Oui, ils y sont…D'ailleurs en parlant de ça, l'heure est à la chasse très cher. Je le regarde dans les yeux, insistant sur chaque mot. Je meurs de faim…

Alors pourquoi n'as-tu pas joui de mon sang, espèce de scélérate ?! Oh oui, partons chasser. Ton épaule marmoréenne a excité mes sens, et les premières proies que je croise, je vais les dévorer. M'offrir un repas d'une sensualité déroutante, trouver ailleurs le plaisir qu'elle m'a refusé. La rendre jalouse ? Oh mais non voyons, ce genre d'idées ne traverse pas mon esprit...

Allons chasser, je suis plus affamée que toi..

Et je glisse en elle l'image qui me vient. Une jeune humaine d'une beauté adorable -du moins le mieux qu'il soit possible pour une humaine- succombant à mes canines acérées. Mon regard mordoré intense et chaud.. Tout cela pour cette humaine. Je regarde ailleurs, comme si cette image m'avait échappé, comme si je n'avais pas voulu l'imposer à Aylin. Je me retiens pour ne pas voir sa réaction. Peu importe. Je veux simplement lui faire comprendre que nous pouvons tous les deux souffrir en nous attaquants..

Puis je n'y parviens pas, je me retourne vers elle. Son regard lumineux, cette chasse prochaine, ces taquineries, et cette épaule dévoilée ... tout cela me hante d'idées profondément chaleureuses, et je ne peux m'epêcher de dissiper l'image pour la remplacer par une autre. Elle et moi, chassant côte à côte, complices, fusionnels. Je lui décoche un sourire assassin.

Suis-moi, je te laisserai nous guider une fois dans la forêt.

Nous dévalons les escaliers, je tends l'oreille, savoir si elle a quelque chose à ajouter. Mais toute mon attention est déjà fixée sur ce plaisir à venir, cette répétition toujours si intense...