Occuper l'ennui d'une Eternité [Terminé]

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Une longue nuit s'était écoulée, encore une.. Aurore s'ennuyait ferme à Poudlard lorsque chaque élève était plongé dans un profond sommeil, lorsque l'absence de lumière empêchait les autres de voir, alors qu'elle ne parvenait pas à fermer l'oeil, elle ne le pouvait pas, cela lui était impossible depuis plus d'un centaine d'année.. Elle était condamnée à une éternité qui l'oppressait depuis qu'elle avait mit les pieds dans l'établissement. Loin de son protecteur, loin de ses habitudes, loin de ce qu'elle aimait, elle se montrait différente, trop peut-être, de ce qu'elle pouvait être réellement. Aurore Ange De Saint-Faye.. Un nom à rallonge aux origines françaises qui trahissait non seulement l'ancienneté, mais également la noblesse d'un sang, pourtant perdu depuis bien des années. Elle était la dernière descendante directe de cette lignée, et elle était morte, en quelque sorte.. L'éternité, c'est merveilleux quand on y pense simplement, mais lorsque l'on commence à se rendre compte de ses inconvénients, on comprend rapidement que cela peut être la pire des malédictions. Aurore, elle en avait la beauté, la blondeur de ses cheveux de soi rappelant le levé d'un soleil radieux. Ange, elle en avait la grâce, la douceur dans ses gestes, et la voix cristaline. Mais elle était loin d'être une perfection, bien trop froide et mystérieuse aux yeux des autres, trop distante et supérieure en apparence.. Sans coeur, paraissait-il. Oh, un coeur, Aurore en avait un.. Gelé depuis des années dans une Mort permanente, une demi-vie sans fin.

Elle était allongée sur le dos, dans le lit à baldaquin du dortoir des filles de Serpentard.. Sauver les apparences ? Non, elle aimait juste fermer les yeux durant des heures entières pour faire passer le temps, plonger dans de vieux souvenirs l'aidait à calmer un peu la nostalgie de son pays natal ou elle n'était pas revenue depuis au moins une dizaine d'années. Quand était-ce déjà, la dernière fois ou on lui avait dit « je t'aime » ? Si longtemps qu'elle avait oublié le réconfort d'une présence maternelle.. Non, elle n'avait jamais connu d'homme digne de son coeur au point de lui donner sa vie. Aurore était difficile, très difficile, et seul une personne digne d'intérêt, capable de bien vouloir l'approcher, pourrait attirer son regard d'or ou se reflète encore, parfois, ses émotions d'antan et la douleur d'une vie un peu trop longue.

Certes, la demoiselle savait cacher beaucoup de ses remords, de cette sensibilité qu'elle avait gardé de son humanité, de cette nostalgie souvent présente lorsqu'elle se retrouvait seule, mais en permanence, cela restait parfois dur. Aurore avait su se forger l'apparence de la froideur, le visage de la perfection qui ne trahissait que rarement ses faiblesses, l'intelligence des plus grands érudits, mais elle avait aussi un passé, un passé assez lourd dont certaines images disparaissait au fil des années. Le bonheur ? L'ivresse d'un moment de joie ? Elle n'en avait plus qu'une notion assez théorique, seule quelques attention de son créateur parvenait parfois à raviver la flamme de vieilles choses floues, mais qui la faisait sourire, un sourire doux et sincère.

Ce jour là était un de ces jours ou la belle vampire voyait le monde de gris et de noir, le soleil pointait à peine le bout de son nez qu'elle voyait déjà l'ennui se pointer en ce samedi ensoleillé. Enfilant une robe noire lui arrivant sous les genoux, sans manches, accompagnée de chaussures à talons noires, elle prit quelques secondes pour caresser la douce tête de Nyx, sa chatte noire, avant de filer dans les couloirs de l'école. Elle n'avait pas cours aujourd'hui, ce qui la faisait soupirer, que devait-elle donc faire pour occuper son esprit multitâche ? La bibliothèque ! Elle jeta son dévolu sur le lieu poussiéreux aux douces senteurs de papier, de couvertures de cuir, de parchemins ancestraux.. Elle y aimait le calme, l'atmosphère silencieuse et pleine de mystère.. Aurore adorait apprendre, étudier, mais au fil du temps, elle avait dévoré tant de livres qu'il était dur d'en trouver de nouveaux. En parcourant les rayons, la jeune femme décida de s'attarder sur un vieux bouquin traitant sur les vampires, histoire de rire un peu. Le livre à la main, elle alla s'asseoir dans un coin isolé ou personne ne venait, en principe, jamais, pour se plonger dans les lettres , les mots qui défilaient sous son regard doré..

* Il fallait être fort ... *

Seule. Elle était seule et ce pour son plus grand bonheur. A cette heure ci, et un samedi, personne n'aurait l'idée de s'enfermer entre la poussière et les vieux parchemins, ainsi ne risquait-elle pas d'être tentée par l'odeur du sang d'un être humain trop proche. N'ayant rien avalé depuis deux jours, Aurore espérait pouvoir tenir le plus longtemps possible avant de devoir tuer à nouveau. Certes, son attitude habituelle aurait pu faire penser qu'un être humain de plus ou de moins ne serait pas une grosse perte pour elle, mais comme on le sait, il ne faut jamais se fier aux apparences. Brisez la glace et peut-être y découvrirez vous un coeur.

Plongée dans son livre, qu'elle survolait le plus lentement possible, histoire d'éviter l'ennui mortel après la fin de sa lecture, elle fut stoppée par une odeur, un frottement. Quelqu'un venait de pénétrer dans la bibliothèque, avec une discrétion plus qu'inhabituelle pour un mortel, mais pas assez suffisante pour les sens exacerbés de la demoiselle. Fixant son esprit sur le vieux bouquins, elle essayait de ne pas penser à sa faim, ou plutôt sa soif, elle tentait d'empêcher son instinct de reprendre le dessus, il finirait de toute façon par aller s'assoir quelque part, et il y avait peu de chance que cela soit dans ce coin reculé.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit un jeune homme s'assoir à sa table, sans lui porter vraiment un regard.. Etait-il fou ? Un Gryffondor.. Oui, forcément, il n'allait pas se méfier d'une fille, et il semblait avoir l'esprit plus préoccupé qu'autre chose, ce qui lui éviterait peut-être de remarquer le regard noir aux reflets rougeoyants de sa « compagne de table ». 5 secondes.. 5 petites secondes suffirent à mettre la demoiselle dans un état d'angoisse total.. La soif lui brûlait la gorge, sèche, flamboyante, elle ne rêvait que d'une chose, mordre dans ce cou pâle, à l'apparence si délicieuse, si délicate. Crispée, Aurore laissa le livre tomber à plat sur la table, avec un étrange silence.. Elle croisa les bras, histoire de dissimuler un peu ses poings serrés. Elle pouvait se contenir, il fallait qu'elle y arrive. C'était le première fois qu'Aurore se retrouvait dans une pièce avec un seul et unique être humain alors qu'elle avait faim.. Un véritable torture.

* Un, deux, trois, quatre, cinq.. Bon, il faut s'éloigner maintenant. *

La jeune vampire se leva, presque brutalement, avant de prendre le livre qu'elle lisait, avec un geste anormalement gracieux, pour retourner dans les méandres des étagères pour modifier sa lecture. Posant l'ouvrage qu'elle avait prit au départ, elle en choisi un sur l'histoire de Poudlard dans le but d'éviter les histoires de faim et de sang.

Inspirant un grand coup légèrement inutile pour un être comme elle, Aurore repartit s'asseoir là ou elle se trouvait précédemment, avec l'impression que, temps qu'elle n'aurait pas vaincu ses instincts, elle ne pourrait pas se débarrasser de l'odeur et de l'image du jeune homme.. Ca lui servira de leçon, la prochaine fois, elle irait chasser plutôt que de rester à fixer le plafond du dortoir.

Se rasseyant avec l'élégance d'une féline, elle posa un instant son regard sur l'inconnu avant de reporter son attention sur les mots, l'encre, et les lettres inscrits sur le parchemin.

* Tiens donc … que me veut-elle ? *

Le silence de glace qui régnait dans la bibliothèque, et surtout entre les deux jeunes gens, pouvait être particulièrement lourd. Aurore ne disait rien, son regard voyageant entre le livre posé devant elle, le visage du Gryffondor, et le cou de celui-ci.. Elle sentait le sang couler dans ses veines, pouvait percevoir le battement de son coeur, et le moindre mouvement de sa main était un appel à l'attraper pour en finir, pour mettre fin aux jours de ce garçon si silencieux, et étrange, d'une certaine façon. Au bout d'un certain temps, elle cessa de regarder l'objet posé devant elle, et se contenter de le fixer, avec un regard insistant, tel une prédatrice face à la proie idéale, celle dont on peut rêver pendant des années et qui, une fois sous le nez, est une tentation si grande que l'on finit par y céder, à un moment ou à un autre.

Cette idée, qui la hantait depuis dix bonnes minutes, la dégoûtait. Que penserait son protecteur s'il savait ce qu'elle avait envie de faire, en cet instant. Un Serpentard se devait de détester un Gryffondor, c'était un principe.. Mais la seule raison pour laquelle elle le détestait, à cet instant, c'est parce qu'il était là, à la narguer sans le savoir. Levant les yeux au ciel, Aurore se maudit d'être faible à ce point. Lentement, ses doigts se décrispèrent, elle retrouva une apparence presque détendue, même si intérieurement, elle ne l'était pas. Le temps ? Il passait avec une lenteur incroyable pour elle, et quelques secondes semblaient lui être une éternité pendant laquelle il fallait se maîtriser.

Seule avec un être humain, elle s'était jurée que cela n'arriverait pas, elle s'était persuadée que de toute façon c'était impossible, qu'il y avait bien trop de monde pour que cela se produise. Elle se trompait, et à présent, elle était perturbée. La demoiselle chercha dans sa mémoire le souvenir d'un contact humain, le souvenir de la chaleur d'une main, histoire de se convaincre que cela n'aurait rien d'exceptionnel, que ce serait désagréable et qu'elle n'avait aucune raison de céder à ces instincts de prédatrice.. Après tout, le sang animal était tout aussi nourrissant et il était moins compliqué de les faire tomber dans les filets de la mort.

Perdue dans ses pensées, dans la recherche de souvenirs humains qu'elle avait pratiquement oubliés, Aurore ne fit pas attention au mouvement rapide de sa main.. Sa peau froide entra en contact avec la chaleur de celle du jeune homme, elle lui avait fermement attrapé le poignet, sans toutefois lui faire de mal, non, son geste avait été presque doux, mais déterminé. Ce fut presque une brûlure qui traversa sa peau de marbre avant qu'elle ne le lâche, déliant ses doigts lentement pour regarder, de ses yeux d'or sombre, le visage de l'inconnu.

« Excuse-moi, j'ai cru voir.. Non rien. »

Sa voix s'était élevée tel un tintement de cristal, mélodieusement douce et sombre à la fois, un mélange unique et étrange dont les multiples sonorités seraient difficilement isolables tant elles étaient nombreuses, tant elles se mariait bien entre elles. Le contact humain était surprenant, à la fois brûlant et agréable, loin de ce qu'avait pu lui raconter son créateur.. Elle se demandait l'effet que cela ferait, si elle mordait dans la cher tendre du jeune homme, mais secouant légèrement sa tête, dans un mouvement de négation, afin de chasser ces pensées morbides.

Aurore sortirait d'ici quand elle en aurait le courage, et se dirigerait vers la forêt interdite afin d'étancher sa soif et de ne pas risquer de tuer quelqu'un, elle s'en voudrait tant qu'elle serait capable d'un acte suicidaire si elle faisait un faux pas.. Mais maintenant, qu'allait penser le jeune Gryffondor ? La prendrait-il pour une folle ? Saurait-il faire le rapprochement entre sa peau glaciale et sa nature, ou se contenterait-il de partir aussi sec, vexé ? Elle ne tenait pas à se faire un ennemi, mais sa nature la vouant à la solitude, elle doutait qu'il entame la conversation. Un soupir imperceptible s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ose à nouveau croiser le regard du garçon, sans un mot de plus.

* Non mais vraiment … aussi jolie soit-elle, qu'elle aille baver ailleurs … vive la société … même les filles descendent au niveau des garçons … enfin bref … 1847 … le ministère de la magie … *

« Je sais ce que vous êtes ! »

« Que me voulez-vous vampire ? N'allez pas croire que je cèderai à votre charme surtout quand il est orné d'une robe abordant les couleurs du serpent … Je suis navré, vraiment ... »

Le sang avait coulé en si peu de temps. Tout avait basculé en quelques secondes. Les pupilles de la demoiselle flamboyèrent d'un désir ardent de goûter à ce liquide rouge dont l'odeur l'envoûtait, donc la texture clamerait la brûlure qui s'était emparée de sa bouche, et sans le vouloir, elle avait vu la scène d'une mort rapide, elle avait imaginé, une fois de plus, la douceur de la peau sous ses canines, tendre et chaude.. Une sensation d'iveresse qu'elle n'avait eu l'occasion de ressentir que peu de fois dans sa longue vie d'immortelle. En quelques micro secondes, Aurore se trouvait derrière le garçon, le tenant ferment avec ses main qu'elle avait, aussi étrange soit-il, passé avec douceur autour du cou du Gryffondor pour les faire descendre jusqu'à ses épaules. Une, deux, trois, quatre, cinq secondes de contact chaud sur sa peau froide, d'un silence de glace qui ne faisait que renforcer la tension. Le regard fixé sur ce cou tentateur, elle se contenta de le lâcher, dans des gestes toujours gracieux, presque félins, pour retourner de sa démarche flottante vers la chaise ou elle se trouvait précédemment.

Reprenant le contrôle, certes minimum, d'elle même, elle finit par oser à nouveau regarder le jeune homme qu'elle avait failli tuer en si peu de temps. Se maîtriser. C'était tout ce qui comptait, de la maîtrise, du sang froid. Son regard avait changé d'expression, mêlant remords, culpabilité, détresse et peur, et tout cela sans un mots sans un geste. Une jambe croisée sur l'autre, Aurore était assise face au Gryffondor qu'elle fixait droit dans les yeux pour éviter la vue du sang, elle cherchait les mots, des mots qu'elle ne trouvait forcément pas, ne connaissant pas cet étrange garçon.

« Ne me jugez pas sur la maison à laquelle j'appartiens. Je suis bien loin de cette petite guéguerre.. »

Avait-elle simplement finit par murmurer, tout en remettant une mèche de ses longs cheveux vénitiens derrière son oreille droite. Sa voix, même dans un murmure, restait toujours cette étrange mélodie, des notes calmes, presque trop, qui avait au moins le mérite d'être agréables. Aurore ne désirait vraiment pas se faire un ennemi en la personne de ce garçon, ainsi lui devait-elle des excuses, une explication, et plus de respect qu'elle en avait fait preuve jusqu'à présent. C'est un être humain, pas un repas.

« Excusez mon comportement. Je n'ai pas pour habitude d'agresser les gens ainsi, et je ne voulais pas vous faire de mal, mais il y a certaines choses qui sont plus difficiles à contrôler que d'autre. »

Une nouvelle phrase, sur un ton calme et sincère, que son regard appuyait. Elle ne mentait pas, et même si elle était bonne comédienne, elle n'avait pas envie de jouer avec un Gryffondor qui ne lui avait rien fait. Certes, il avait tenté le diable, et elle aurait pu le tuer. Mais que pouvait-elle y faire ? Son statut de vampire, elle ne l'avait pas choisi, et la maîtrise s'avérait toujours assez.. Complexe.

Aurore sortit de sa poche un mouchoir en papier, qu'elle fit voleter par télékinésie vers le jeune homme. Après tout, elle était découverte, pourquoi donc se cacher ? On naît comme on naît, quelle que soit cette naissance, on ne peut pas toujours en maîtriser ses effets, et autant se montrer sous son vrai jour, pour une fois. La Serpentarde n'avait pas sorti sa baguette, n'aimant pas la violence, elle ne s'abaissera pas à répondre à la menace.. De toute façon, comment pourrait-il lui faire du mal sans devoir la tuer ? Il risquerait d'avoir du mal, et elle ne comptait pas riposter.

Les sept mots des RP (en italique)

sang

pistache

cadavérique

araignées

poussin

lumineux

marin

boucles

* C'est ça … je dois être fou … mais un fou prudent ... *

« Soit ... »

« Je ne vous en veux pas … Je me suis moi-même tenu d'une façon guère convenable et cette rivalité entre les maisons ou entre les races encore n'a pas lieu d'être puisque vraisemblablement, vous ne semblez pas avoir d'envies meurtrières et que vous savez, semble-t-il, vous contrôler à la perfection. »

« Pourrai-je alors savoir … pourquoi avoir eut la nécessité de toucher ma main, à l'instant ? »

Le jeune homme réagissait plutôt bien, mais elle savait qu'il l'analysait, d'une façon différente de toute autre personne, mais il l'observait tout de même, cherchait-il quelque chose de particulier dans son attitude ? Elle n'en savait rien, et après tout, cela lui était totalement égal, elle n'avait rien à reprocher à son physique, ni à sa démarche puisqu'elle avait été créée pour être parfaite, parfois à son plus grand malheur. Il avait cessé les hostilités, semblant très légèrement plus confiant, mais elle avait sentit son coeur s'accélérer sous l'adrénaline, et les effets continuaient à s'en ressentir.. Les battements du coeur était agréablement douce à l'oreille de la vampire qui se contentait d'en apprécier la musique, la douce mélodie. Le contrôle était dur, le calme compliqué à garder.. Mais elle devait tenir, elle était sur la bonne voie et ne devait absolument pas céder à la tentation de la chair.. De la douce odeur qui émanait de ce garçon qu'elle avait déjà failli tué à deux reprise.

Le mouchoir fut récupéré par le Gryffondor, par télékinésie, ce qui surprit la demoiselle, elle leva légèrement un sourcil, avant d'esquisser un de ses rares sourires illuminant son visage de porcelaine.. Ils avaient un point commun, intéressant. Le bout de papier retourna donc à l'envoyeur, elle se contenta de le ranger, avec une vitesse un peu trop.. Vampirique, ce dont elle s'excusa d'un regard.

Il s'excusa à son tour de son comportement, il lui fit remarquer qu'elle semblait avoir un contrôle parfait de ses instinct, ce qui fit légèrement rire la demoiselle, un rire plein d'amertume et de nervosité, pourtant toujours aussi mélodieux.. Une situation étrange dites vous ? C'est si peu dire. L'inconnu lui posa par la suite une question, avec une politesse qu'Aurore n'avait pas l'habitude de croiser à cette époque, ce qui accordait un bon point au Gryffondor. Mais il avait soulevé quelque chose qu'elle devait contredire, elle devait lui montrer à quel point converser avec un vampire, et le tenter comme il le faisait, même inconsciemment, pouvait être dangereux.

Pardonnez l'attitude que je risque d'avoir dans quelques seconde

Mais je crains que cela soit le seul moyen pour que vous compreniez.

Aurore se leva, et l'instant d'après, elle était à nouveau derrière lui, se maîtrisant un minimum pour ne pas aller trop loin, mais laissant un peu de champ libre à la créature nocturne qu'elle était, et qu'elle tentait de fuir la plupart du temps. Elle était pratiquement collée à lui, ses mains glaciale ayant glissé jusqu'à son torse, elle avait laissé ses lèvres glisser jusqu'à son oreille. Il fallait qu'il comprenne, qu'il soit à jamais marqué par le danger que cela pouvait être, afin de répondre à sa question, et également de l'empêcher de faire des folies.

Pourquoi vous avoir prit la main ?

Répéta-t-elle, dans un murmure.

Peut-être parce que je ne me contrôle pas si bien.. L'odeur d'une peau.. Les battements d'un coeur.. Le mouvement d'une main.. Tentations obscures.. Et la chaleur d'un contact.. C'est ennivrant, je l'ignorais jusqu'à ces dernières minutes.. Mais, n'avez-vous pas peur de cette menace de Mort permanente ?

Aurore ne le tenait pas aussi fermement que lorsqu'elle avait attrapé son poignet, non, elle était doucement posée près de lui, presque contre lui, sans que la pression soit lourde, il était libre de tout mouvement, pouvait se détacher à tout instant. Elle voulait juste voir jusqu'ou il serait capable d'aller.. Voir s'il pouvait comprendre les sensations d'une immortelle, et le danger que c'était.. L'instabilité dont elle était victime.. Mais un être humain pouvait-il seulement prendre conscience de cela ?

* Impressionnant … *

« Pas de soucis … mais comprendre quoi ? »

« Je ... »

« Vous pensez vraiment que je pourrai avoir peur de vous ? »

Il était têtu, provocateur, sûr de lui.. Enervant. Et si la dose d'adrénaline augmentait à une vitesse incroyable dans le corps du jeune homme, Aurore trouvait son assurance insolente.. Etait-il donc suicidaire ? Ou complètement fou allié ? Elle ignorait ses pensées profondes, mais elle ne comptait pas s'arrêter là, une part d'elle s'amusant à en oublier un instant la tristesse de son existence. La vampire s'éloigna un instant, de sa démarche toujours aussi féline, elle passa à côté de lui pour prendre sa main avec délicatesse et le forcer à se lever, sans toutefois se montrer brutale ou trop rapide, non, elle s'adaptait à son humanité.. Quelque part, malgré cette tentation constante, Aurore appréciait sa présence, il avait quelque chose d'unique, qu'elle n'avait encore jamais croisé jusqu'alors.

L'entraînant dans les méandres des étagères de la bibliothèque, elle finit par le coller à un mur, dans un coin, avant de le fixer droit dans les yeux, de son regard d'or liquide.. Une prédatrice ? Quelque part, oui, mais il y avait autre chose, plus complexe à traduire, un désir de le sauver, de le protéger des autres, s'il s'amusait ainsi avec elle, il pourrait rapidement se faire tuer, et aussi étrange soit-il, elle ne voulait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit.

Passant un doigt le long du côté droit de son cou, toujours délicatement, elle suivit le tracé des yeux avant de se reconcentrer sur le visage du jeune homme.. L'envie de goûter à son sang ne l'avait pas quittée, le désir de mordre était toujours là, et elle se retenait tant bien que mal de le faire, mais s'il poussait encore les limites, le pourrait-elle ?

Tu ferais mieux d'avoir peur.. Je ne suis pas un ange.. Et ta présence reste un délice pour mes sens..

Fit-elle, dans un nouveau murmure, histoire que la bibliothécaire ne s'alerte pas de leurs mouvements.

Pourquoi ne fuis-tu donc pas ?

Un lueur d'incompréhension s'imprima quelques instants sur le visage de neige d'Aurore qui cherchait à cerner ses peurs, à comprendre ce qui pourrait lui faire assez peur pour qu'il la stoppe.. Il n'avait pas l'air de réaliser suffisamment ce qu'elle voulait qu'il intègre, et elle irait aussi loin que possible pour que son cerveau d'humain s'imprègne du mot « danger ».

La demoiselle passa du cou au long du bras du garçon pour arriver jusqu'à sa main droite, autour de laquelle elle lia ses doigts glacé, sans la moindre violence, de miel ? Plutôt de venin, un venin mortel et pourtant loin d'être désagréable. Qu'allait-il faire ? Quand allait-il réagir ? Quand avouerait-il une peur qui serait humaine ? Ou peut-être ne voulait-il pas avouer une faiblesses.

Jusqu'ou compte-tu aller avant de céder à la peur ?

Questionna-t-elle, avec une réelle curiosité, elle cherchait à le connaître grâce à son attitude, mais il semblait trop complexe, alors elle devait ajouter les mots pour distinguer ne serait-ce qu'une infime part de sa personnalité.

* Intéressant … *

« Je n'ai pas peur ... »

« Peut-être me faudrait-il passer par la Mort avant d'avoir peur … »

« Vous pourriez arrêter de m'éblouir s'il vous plait ? »

Provocateur jusqu'au bout des doigts, affirmant qu'il devrait goûter à la mort avant d'avoir peur, ce qui alluma un incendie doré dans le regard de la vampire qui se retint tant bien que mal de mordre.. De céder à cette tentation presque insoutenable. Il ne résistait pas physiquement, en revanche il restait très doué dans la protection, il ne lui montrerait pas une seule seconde ce qui aurait du l'envahir depuis de longues minutes déjà. Mais son coeur, son sang le trahissait, chaque seconde son rythme cardiaque s'accélérait, envoyant le liquide rouge dans le corps du garçon avec plus d'intensité.. Aurore se détâcha brutalement du Gryffondor, se retrouvant collée à l'étagère qui se trouvait, une seconde avant, plus loin derrière elle. Crispée de la tête au pied, Aurore leva les yeux au ciel, elle ne devait pas se laisser avoir, elle devait se reprendre, mais était-ce seulement possible ? A vrai dire, elle aurait juré que non, à cet instant..

Le sang.. C'est tout ce qu'elle demandait, tout ce dont elle avait besoin, tout ce qu'elle désirait.. Les points serrés, Aurore cherchait à retrouver ses esprits, si elle le tuait, elle aurait des problèmes, et elle ne pouvait se résoudre à la transformer en cas d'accident.. Alors que faire. Le silence durait depuis quelques secondes, le garçon lui ayant demander de cesser de l'éblouir, elle évitait de le fixer, de toute façon, si elle osait ne serait-ce qu'un regard, elle passerait à l'attaque.

Les pensées, les images défilaient dans l'esprit de la jeune femme qui restait figée contre le meuble, sans un mouvement, elle tentait de compter les secondes qui passaient pour recentrer son esprit, et si pour l'être humain, le temps aurait été extrêmement long, pour elle c'était équivalent à des heures entières de retenue.

Alors que le silence régnait dans la pièce, le regard d'Aurore se reposa sur le jeune homme, tranchant, dangereux, venimeux.. Ses membres s'étaient détendus, elle avait cédé, et sans un mot, elle s'était approchée du sorcier pour à nouveau se glisser derrière lui, emprisonnant sa taille de ses mains.. Entre eux ? Plus rien, plus aucun meuble de les séparaient, et même si elle savait qu'elle allait trop loin, qu'elle ne se maîtrisait plus, elle ne parvenait pas à résister.. Il l'avait provoquée, il allait goûter au danger, au véritable..

S'il parvenait à l'arrêter, il aurait de la chance, il serait doué pour trouver les bons mots, mais en cet instant, elle n'entendait plus que les battements d'un coeur, et l'appel du sang. Ses lèvres froides se posèrent délicatement dans le creux du cou de l'élève, un mil toxique, une douceur mortel pour lui, comme il était une drogue douce pour elle. Aurore s'apprêtait à mordre lorsqu'une image lui traversa l'esprit, lorsqu'elle se souvint des « leçons » de son créateur.. Elle parvint à revenir à elle, avec difficulté, mais elle réussit à lui éviter la Mort, sans pour autant le lâcher, elle n'en avait pas encore la force.

Ne bouges pas..

Lui conseilla-t-elle, dans un murmure étrangement sombre.

Tu n'aime pas être ébloui ? J'ai du mal à supporter l'effet que tu as sur moi..

Un nouveau silence fit sa place dans la bibliothèque toujours vide, à croire que personne n'aimait ce lieu.. Et tant mieux, parce qu'Aurore n'aurait certainement pas résisté à plus d'un être humain, et un massacre est si vite arrivé. La vampire ne bougeait pas, ses mains toujours sur les côtés de la taille du garçon, son visage au dessus de son épaule, elle restait là, faisant en sorte de ne pas lui faire de mal.. S'il faisait le moindre mouvement de fuite, elle craquerait sûrement, ce qui expliquait son conseil, et son propre manque de mouvement.

La Mort est-elle suffisamment proche, à présent ? Ou comptes-tu vraiment me faire craquer ?

demanda-t-elle finalement, craignant sa réponse, craignant ce qu'il pourrait avoir l'idée de faire..

* Victoire … *

« Profitez-en, je déteste l'immobilité ... »

« Craquez, si vous y tenez tant … il paraît que vous pouvez décider si oui ou non vous déposez vos toxines … une gorgée de sang ne vous intéresse pas ? »

Il s'était dégagé avec violence, provoquant le prédateur qui tentait de prendre le dessus avec plus de force que jamais.. Elle savait à présent pourquoi son créateur n'avait jamais voulu la laisser seule face à un mortel.. Mais elle ignorait pourquoi c'était plus dur de résister à ce garçon qu'à une foule complète. Par réflexe, elle attrapa le poignet du jeune homme au vol, il comptait lui échapper ? Ce n'était pas gagné, bien au contraire.

Aurore resta là, à le fixer droit dans les yeux, essayant de sonder son être de son regard liquide.. Pourquoi le tuer ? Pourquoi avoir cette envie de mordre ? Après une inspiration inutile puisqu'elle n'avait pas besoin d'air, elle desserra très légèrement son étreinte sans pour autant le lâcher. Et une fois de plus, avec délicatesse, elle l'entraîna avec elle vers la table ou ils se trouvaient auparavant. Aurore le fit s'asseoir, sans violence, et retourna à sa place.

Une fois assise à son tour, elle fut incapable de s'empêcher de le fixer droit dans les yeux, évitant soigneusement de détailler chaque partie de son être, elle aurait été capable de laisser l'instinct gagner une fois de plus, et elle ne voulait pas se laisser avoir, encore. Le silence s'installa à nouveau alors qu'elle analysait le visage si humain du jeune homme, avec ses légères imperfections, ses pupilles couleur diamant, ses lèvres fines, le tout lui constituant un charme assez étrange, que notre vampire aurait été parfaitement incapable de définir.

Tu m'excuseras si je préfères éviter de te tuer..

Finit-elle par dire, brisant ainsi le silence.

Du moins, temps que je n'aurais pas compris certaines choses..

Des questions, elle en avait un milliard.. Mais cela attendrait, pour le moment, des présentations plus normales s'imposait, et surtout, elle voulait absolument savoir quelque chose, l'attitude du garçon l'ayant intrigué.. Après tout, malgré ses 110 années, elle restait la jeune femme qu'elle était lors de sa morsure, elle ne pouvait donc pas tout savoir, sachant qu'elle n'avait pas été réellement en contact avec un mortel durant toutes ces années.

Pourquoi le contact te répugne-t-il à ce point ?

Demanda-t-elle, le regardant toujours dans les yeux, la couleur de ceux du garçon ayant quelque chose de presqu'anormal pour elle.

Les bras croisés naturellement sur la table, elle semblait plus détendue, plus maîtresse d'elle même qu'elle ne l'avait été jusque là, mais il s'en fallait de peu pour que tout bascule à nouveau, le Gryffondor semblant aimer le danger, légèrement suicidaire sur les bords, masochiste certainement. Aurore aurait été curieuse de connaître les raisons de son attitude, son histoire également.. Mais leur rencontre ayant été des plus particulières, elle préférait attendre qu'il soit plus.. calme, que son coeur cesse de battre aussi vite, question de prévention.. Pourquoi tenter le diable ? Non, il valait mieux être patiente.

* Mais que me veut-elle à la fin ? *

« Mon dieu ce que j'ai peur ... »

« Pourquoi êtes-vous aussi glacés, vous les vampires ? Vous n'en savez rien. Tout comme moi je ne sais pas d'où me vient cette répugnance du contact ... »

Fou, il l'était certainement, et complètement en plus ! Il savait, il savait à quel point il était dangereux de tenter un vampire, pourtant il continuait.. Aurore ne répondit pas aux paroles du jeune homme, elle ne voulait pas lui faire de mal, il ne fallait pas.. Elle ne devait pas. Le garçon dont elle ignorait toujours le nom récupéra le livre latin qu'il lisait avant que la conversation assez mouvementée ne commence, et, maladroitement il finit par se couper. Si Aurore avait eu un coeur encore en état de fonctionner, il se serait certainement arrêté sous le coup de l'émotion.. L'odeur du sang vint lui chatouiller les narines, et la seconde d'après elle se retrouvait à quelques millimètres du visage du sorcier qu'elle avait plaqué contre le mur le plus proche. Les yeux dans les yeux, Aurore le fixait, silencieuse, crispée, les mains plaquées sur le mur un peu au dessus des épaules de l'être humain qu'elle aurait certainement pu tuer depuis plusieurs minutes.

- Arrêtes ! Je t'en supplie, arrêtes ça !

Supplier, ce n'était pas son style, mais elle savait qu'elle ne tiendrait pas, qu'elle ne pouvait pas bouger au risque de lui faire du mal, de ne pas contrôler ses mouvements. Le sang était toujours là, bien présent, et la jeune vampire le savait parfaitement. Après deux respirations inutiles, elle s'éloigna à pas particulièrement lents de sa proie potentielle, à reculons, histoire de ne pas le lâcher des yeux. Elle pouvait le faire, elle le savait, mais c'était difficile, très difficile de résister à un tel appel, à l'instinct.

- Tu ne veux pas mourir, et je ne compte pas te faire subir mon merveilleux calvaire, alors soignes ça, avant que je perde le total contrôle de moi-même et que je te tue !

Son ton fut quelque peu agressif, malgré la mélodie de sa voix, et si Aurore avait la furieuse envie de le dévorer, de goûter au délice que devait être son sang, elle faisait tout pour changer ses pensées, elle devait se concentrer sur ses paroles, mais s'il continuait de la provoquer ainsi, il risquait d'y avoir des dégâts, elle mordrait, c'est certain.. Et rien ne pouvait dire s'il elle réussirait à s'arrêter.

- Oses ne serait-ce que t'approcher de trop une fois de plus, et tu sauras ce que flirter avec la Mort veut dire ! Certes, tu l'as dis, on peut choisir de libérer les toxines, mais nous ne sommes pas souvent capable de nous arrêter..

A force de reculer, Aurore avait heurté une chaise, à laquelle elle s'était appuyée, les mains sur le dossier, qu'elle se retenait tant bien que mal de briser, elle fixait de ses yeux sombres le jeune homme, attendant sa réaction, espérant qu'il ne serait pas assez stupide pour tenter le Diable, car cette fois-ci, elle savait qu'elle goûterait à ce délice prometteur.. Même si elle devrait s'en vouloir l'éternité..

* Elle respire alors qu'elle n'a pas besoin d'air … *

« C'est tout ? Voilà qui s'arrête ici ? Fichtre qu'ai-je peur … »

« Comme si tu pouvais me tuer ... »

A peine le garçon eut-il fini sa provocation qu'une multitude d'images envahirent l'esprit de la jeune femme qui sembla changer du tout au tout.. Le sang.. Il venait de lui monter à la tête au point de lui implanter une idée, une seule : mordre ! C'est tout ce qu'elle pouvait faire ? Non, bien sûr que non.. Et il venait de faire basculer la situation vers quelque chose de sanglant..

Aurore se retrouva derrière le garçon en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf. Et, avec une étrange douceur, elle s'était approchée du cou mis à nu par la colère du jeune homme, il lui avait laissé le champ libre, et elle ne parvenait plus à résister à cette odeur. Quelques secondes lui suffirent pour que ses lèvres froides entrent en contact avec la peau brûlante du jeune homme, et le liquide que celui-ci avait déposé grâce à son doigt blessé. Elle n'imaginait pas cela aussi délicieux, et, sans vraiment en prendre conscience, elle vint mordre avec une étrange délicatesse dans la peau sucrée du garçon. Douce folie quand tu nous tiens..

Une étrange sensation de bien être venait de l'envahir, elle se sentait enfin bien, une fois depuis de longue années.. Mais alors qu'elle se perdait dans ses souvenirs, Aurore se rendit compte de ce qu'elle était en train de faire, il lui fallut cinq longues secondes pour se reprendre, pour détacher ses lèvres et ses canine de la chair du sorcier.. Elle ne le lâcha cependant pas, craignant qu'il n'ai pas supporté ce qu'elle venait de lui infligé. Son regard traduisit rapidement la culpabilité, la peur, la crainte d'une réaction violente.

La serpentarde ne laissa pas le choix au mortel qu'elle entraîna rapidement sur une chaise ou elle le fit s'asseoir, résistant tant bien que mal à ses instincts qui lui disaient de terminer le travail.. Elle résisterait jusqu'à la fin, jusqu'à être sûre qu'il ne la haïrait pas pour ça, et surtout, jusqu'à être certaine qu'il vivrait encore longtemps.

Aurore n'avait pas privé le garçon de beaucoup de sang, mais peut-être suffisemment pour qu'il se sente mal. La demoiselle sortit rapidement sa baguette, et utilisa un sort pour refermer au maximum les plaies, une fois cela fait, elle osa regarder sa victime dans les yeux, avec autant d'envie que d'invisibles larmes.

Je suis désolée.. Je.. Je n'aurais jamais dû mais tu es allé trop loin.. Je pouvais pas résister..

Un soupir de détresse silencieuse s'échappa des lèvres de la jeune femme, accroupie face au jeune homme assis sur la chaise. Aurore était consciente qu'il n'aimait pas le contact, pourtant elle prit la main auparavant blessée par la feuille de papier, dans sa propre main.. Pourquoi se montrait-elle si douce ? Elle n'en savait rien, mais il fallait qu'elle se reprenne, et vite.

Se redressant, elle fila vers la fenêtre toute proche, plongeant ses yeux d'or liquide dans le paysage, avant de se retourner, s'appuyant contre le rebord.. Elle reprit la parole quelques secondes après, cherchant comment se faire pardonner.

Tu as subis tout ceci, et je ne sais toujours pas qui tu es .. Il est indiscret de demander son nom à un jeune homme, cependant j'aimerais connaître ton identité avant de partir.. Si tu as la moindre exigence, le moindre besoin, je serais là.. Je me dois de réparer tout ceci, quelles que soient tes demandes..

L'idée d'être au service de quelqu'un ne lui plaisait pas trop, mais après tout, il méritait bien qu'elle se mette en quatre pour lui, à présent.. Elle savait très bien qu'elle serait forcée de le revoir, qu'elle ne saurait se passer de cette envie nouvelle qu'était celle de le croquer.. Et son regard suppliait le garçon d'accepter son offre, elle ne saurait vivre ainsi.. Elle ne saurait se pardonner cette atroce erreur..

* Où suis-je ? *

« Edwin … Bernadotte. »

« Merci … Aurore ... »

Merci ? Il la remerciait ? Etait-il fou ? Comme si l'on pouvait remercier la mort d'avoir frappé une fois sans terminer le travail ! Il s'était levé, elle en avait fait de même, l'observant refermer sa chemise et récupérer ses affaires.. Edwin.. Elle aurait au moins deux moyens de retrouver sa trace. A cette pensée, la jeune femme secoua la tête, chassant cette pensée parasite, il ne fallait pas qu'elle s'approche plus de lui, elle ne devait absolument pas craquer, elle était déjà allé trop loin, il avait souffert le martyre à cause d'elle, il était hors de question que cela recommence.

Aurore le fixait de son regard tourmenté, avec cette envie meurtrière, luisant au travers de l'orage qui grondait dans ses prunelles d'or.. Que pouvait-elle bien répondre à cela ? Pourquoi était-il revenu sur ses pas alors qu'il aurait pu simplement partir ? Il faudrait qu'elle le revoit, qu'elle tente de le comprendre, mais c'était trop risqué.. Comment pourrait-elle se le pardonner ? Elle n'y parviendrait pas, consciente de la bataille qu'elle avait perdu, pour un simple mortel, un Gryffondor qui plus est..

La demoiselle était restée là, figée, incrédule, l'analysant dans les moindres détails, comme si elle chercher à le transpercer de toutes part. Finalement, elle choisit la dernière solution, il lui était impossible de rester plus longtemps en présence de ce garçon, il représentait une trop grande tentation, ainsi le fixa-t-elle une dernière fois droit dans les yeux, avant de reprendre la parole, d'une voix étrangement sombre.

« Ne remercie jamais la mort d'avoir approché.. J'aurais pu te tuer.. Au lieu de cela, tu seras en danger le restant de l'année.. »

Sur ces paroles, elle traça son chemin, seul le son de ses pas sur les vieux pavés de la bibliothèque tranchant avec le silence du lieu.. Non, elle ne se retourna, pas, se forçant à ne pas rebrousser chemin, il en avait déjà trop vu, inutile qu'il en sache plus sur les dégâts émotionnels qu'il avait provoqué. Comprendrait-il le message ? Serait-il assez stupide ou suicidaire pour recroiser son chemin ? Elle ne pouvait le deviner, une chose restait cependant certaine, Aurore ne risquait pas d'oublier la saveur de son sang, ni son existence..

Une fois à l'extérieur de ce temple de la connaissance, Aurore prit les escaliers, au hasard de la souffrance qui tenaillait ses entrailles, qui ternissait légèrement l'or de ses yeux, fuir.. Elle ne supportait pas le fait de fuir, mais avait-elle vraiment le choix ? Non, et elle le savait.. Au moins, il ne lui en voulait pas, c'était déjà ça.. Mais ça ne suffisait pas pour obtenir le pardon de la conscience..

* N-non ... *

» Il reste peu de temps. L'éternité continue de nous menacer.
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