Thédrik Hydecastle - Joie de mort.

__ Part Two. Say Goodbye.

Un photo, en cinquième page. Un jeune homme, souriant. Le noir et blanc ne permet pas de distinguer son regard déroutant, mais pour ceux qui le connaissent, il est bel et bien là. Etincellant dans son uniforme militaire, il bombe le torse avec fierté, arborant à son côté le sabre dû à son rang et son fusil surmonté d'une baïonnette.
Ce grand brun domine ceux qui semblent être ses parents et sa fiancée. On ne saurait dire qui est le plus fier entre les deux géniteurs. Tout deux portent sur le fruit de leurs entrailles un regard adorateur, misant sur le mélodramatique avant le départ de leur rejeton. Ils étaient, sont et resteront la famille parfaite. Un peu trop même, si l'on en croit le sourire crispé de la jeune femme. Sous le bras de son fiancé, celle-ci est tout sauf enchantée de voir l'homme de sa vie partir "bouter les allemands hors de France" dixit le paternel.
La légende mentionne : Thédrik of Hydecastle, dernière photo de famille.

Le jeune lieutenant colonel Thédrik Henry -etc- Of Hydecastle a été retrouvé mort hier soir, dans son appartement, vêtu de son uniforme, une balle dans la tempe gauche. L'heure de son décès est estimée à 22h04, d'après la police. Héros de guerre, le jeune homme ne semblait toujours pas remis de son expérience martiale.
- Il était encore très fragile. A déclaré ce matin son psychomage.
D'après lui, Thédrik n'avait toujours pas retrouvé le goût à la vie et avait même renié la fortune de son père pour travailler en tant que simple surveillant dans la très réputé école de sorcellerie de Poudlard.
Sous le choc, la famille n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident dramatique qui laisse la fratrie Hydecastle sans héritier. Entre deux sanglots, nous avons pu recueillir les propos de la jeune fiancée : - Thédrik ne savait plus quoi faire après son retour de France. Il voulait vivre pourtant. Je ne comprends pas.
Thédrik laisse derrière lui une famille dans l'incompréhension la plus totale, malgré une fragilité psychologique et l'évocation, à plusieurs reprise, de son envie "d'en finir" selon un collègue de travail.
Même son voisinage de Pré-Au-Lard, là où il résidait, avoue ne pas savoir.
- C'était un jeune homme charmant, un peu sombre, certes, mais il était intelligent, et je pensais qu'il allait remonter la pente. Témoigne la gérante Des Trois Balais, chez laquelle Thédrik avait l'habitude d'aller boire quelques whisky Pur Feu.
Décrit comme un garçon sombre et laconique mais néanmoins tout sauf suicidaire, l'héritier Hydecastle était assez apprécié de son entourage, en dépit de cet air sinistre qu'il affichait parfois.
Son action héroïque pour sauver son escadron avait fait de lui une petite légende vivante et un modèle parmi les jeunes engagés de l'armée anglaise. Faisant preuve d'une témérité et d'une lucidité exemplaire, Thédrik avait, selon les survivants de son unité, bravé les tirs ennemis sur plusieurs mètres pour aller lui même amorcer la dernière bombe, causant ainsi d'innombrables pertes dans le camp ennemi.
Décoré pour cet acte de bravoure, il était promis à une grande carrière militaire d'un côté ou tout un empire financier de l'autre, son avenir tout tracé ne semblait pas le déranger.
- Ted était ce genre de garçon qui ne perdait pas une occasion pour s'amuser, il était heureux de l'avenir qui l'attendait et sourirait toujours. La Guerre fait perdre plus de choses que la vie, il faut croire. Se souvient un ancien camarade de classe.
Le suicide de Thédrik, troisième décès par balle d'un soldat, relance le débat sur cette guerre encore controversée et l'engagement volontaire de jeunes gens inexpérimentés, peut-être incapable de soutenir la mort qui leur faisait face. Survivre à la guerre ne semble pas signifier continuer à vivre pour tout le monde.
Le obsèques du jeune homme auront lieu en commité réduit. Enterré avec fusil et uniforme, l'armée lui refusera cependant les honneurs dûs aux héros de guerre, décrétant qu'un véritable homme ne se suiciderait pas pour si peu.
Le monde militaire perd un petit soldat de plus. Le monde sorcier perd une jeune homme prometteur. Et lui perd la vie.


A La mémoire de Thédrik Henry Fitzpatrick Andrew Theodore Perceval Of Hydecastle.

Jay Malodent, Journaliste à la Gazette.



24 Octobre 1927. Poudlard. Bibliothèque.
Par dessus l'épaule d'un vieil homme, une forme translucide terminait la lecture de l'article, satisfait du travail du journaliste. Peu après sa mort, Thédrik avait pris ses quartiers à Poudlard, après plusieurs jours d'errance. Il n'avait pas eut l'occasion d'assister à son éloge funèbre et n'avait jamais lu cet article jusqu'à maintenant. Le jeune homme avait passé 7 ans dans le brouillard, incapable de dire s'il était vraiment celui qu'il affirmait être, son cerveau mis en bouillie par une balle de 35mm.
Sur sa tempe gauche, une petite tâche rouge témoignait de son dernier acte en tant qu'être de chair et de sang. Flamboyant dans son uniforme militaire, Thédrik voleta quelques instants encore dans la bibliothèque avant de traverser le mur menant à la Salle Commune des Aigles. Son regard vairon délavé balaya rapidement les lieux.
Le fantôme avait élu domicile dans l'établissement après s'être rendu compte de sa non mort. Hésitant, tout d'abord, il avait été bien incapable d'expliquer sa fantomatique présence aux élèves. Il était un ancien soldat, voilà qui était certain. Mais qui était-il ?
L'article lui avait rafraîchi la mémoire, tout en laissant en lui une part d'ombre. Thédrik avait été fiancé, il avait été amoureux un jour. Peut-être.
Son nom ne lui était plus inconnu, et quel nom...

- Je suis Thédrik Henry Fitzpatrick Andrew Theodore Perceval Of Hydecastle.

Voilà qui il était. Et il en était fier. C'était d'ailleurs la seule chose qui lui restait. Son manoir avait été laissé à l'abandon, ses parents avait disparus et lui restait là. Ni vraiment mort, ni vraiment vivant.
Sa décision de hanter Poudlard jusqu'à ce qu'il trouve la lumière était prise. Il voulait encore vivre.
Draguer les filles, les suivre dans les douches, il y avait de quoi se réjouir d'être un fantôme dans certains cas. Son désir de retrouver sa fiancée ou tout au moins une de ses descendantes était relativement fort et le jeune homme ne cesserait de harceler le sexe opposé qu'après avoir trouvé une chose capable de lui redonner plus ou moins vie. Ou pas.

Qui sait ? Peut-être resterait-il éternellement ce fantôme pervers qui traquait les filles jusque dans leur lit ? Peut-être que ce jeune homme intelligent, capable de se lancer dans des débats sans fins sur la pertinence de l'humanité hanterait indéfiniment l'école ?
Quoi qu'il en soit, Thédrik Hydecastle est aussi ouvert qu'une boîte de dragée de Bertie Crochue. Vous le connaissez certainement, d'ailleurs. Pour votre plus grand bonheur. Ou pas. Il sera cependant toujours présent si vous avez besoin de lui. De l'aide aux devoirs aux cours de danse de salon...

Hum... Heu... On va dire : Terminé
Plus sérieusement, je vous ai pondu quelque chose de... Bizarre.
Mille excuse pour cette matière fécale que vous allez lire.